Tchaoudjo : les leaders communautaires en première ligne contre les violences basées sur le genre

À Sokodé, dans la préfecture de Tchaoudjo, les leaders communautaires, chefs traditionnels et autorités locales ont répondu présents à une journée de sensibilisation organisée le mardi 17 décembre. Objectif : éradiquer les violences basées sur le genre (VBG) dans leurs communautés.

Cette initiative, orchestrée par la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) avec le soutien de l’UNFPA, s’inscrit dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre. Les discussions ont mis en lumière le rôle crucial des chefs traditionnels et leaders communautaires dans la lutte contre ce fléau qui freine le développement et détruit des vies.

Briser le silence : une mobilisation sans précédent

Des sketchs poignants, des témoignages marquants et des formations riches en enseignements ont marqué cette journée. Les participants ont appris à reconnaître les formes de violences, à briser les stéréotypes enracinés dans les traditions et à orienter les victimes vers des structures compétentes.

Madjédjé Badassawé, l’un des participants, témoigne :
« Grâce à cette sensibilisation, je comprends désormais que garçons et filles ont les mêmes capacités et doivent avoir les mêmes droits. Je m’engage à parler dans les villages et même dans les maisons les plus reculées. Les violences faites aux femmes doivent cesser. Si nous voulons la paix et la cohésion sociale, il faut mettre un terme à ce fléau. »

Ce message fort a résonné auprès des chefs traditionnels, garants des coutumes et acteurs clés dans la cohésion sociale. Monsieur Agoro Bassirou, chef canton de Kolina, a promis de poursuivre la sensibilisation :
« Nous devons agir. En tant que chefs, nous allons encourager nos communautés, surtout les jeunes, à adopter des comportements respectueux. La violence n’a pas sa place dans nos sociétés modernes. »

Des leaders mieux outillés pour agir

La séance a été animée par la directrice exécutive de l’ONG Programme d’appui à la femme et à l’enfance déshéritée (PAFED). Elle a laissé entendre que , les chefs traditionnels ont un rôle stratégique :
« Ils doivent dénoncer les violences graves, comme les abus sexuels, et orienter les victimes vers les services compétents. Ce n’est plus le moment de dire “le linge sale se lave en famille”. Les chefs doivent aussi déconstruire les mythes et stéréotypes qui normalisent les violences, comme l’idée qu’il est normal de frapper une femme. »

Une réponse aux engagements internationaux

Cette mobilisation s’inscrit dans le cadre des recommandations faites au Togo lors de l’Examen Périodique Universel (EPU) de janvier 2022. Selon Mme Aïssah-Assih Irène, première vice-présidente de la CNDH, cette tournée de sensibilisation dans les cinq préfectures de la région centrale – Tchaoudjo, Tchamba, Blitta, Sotouboua et Djargbanga – vise à « équiper les leaders communautaires pour qu’ils deviennent des acteurs de cohésion sociale et des défenseurs des droits des femmes et des enfants ».

Un engagement collectif pour un avenir meilleur

Les leaders communautaires, les ONG et les autorités locales s’engagent à unir leurs forces pour bâtir une société où les droits des femmes et des filles sont respectés. Comme l’a souligné un participant :
« Si nous mettons fin aux violences, nous créons un environnement où paix et développement vont de pair. »

Il faut noter que Les violences faites aux femmes sont un fléau qui touche tous les pays du monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les femmes représentent encore près de 85% des victimes de violences conjugales et plus de 95% des victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle. Dans ce lot, seules 22% des victimes de violences conjugales et 5% de victimes d’agressions sexuelles portent officiellement plainte. L’Afrique en général et le Togo en particulier n’échappent pas à cette réalité souvent passée sous silence.

À Tchaoudjo, la prise de conscience est en marche. Les voix s’élèvent pour dire : “Assez, c’est assez !”.