Menaces chimiques aux frontières : l’ANIAC outille les forces de sécurité à Sokodé

Sokodé, 27 mai 2025 – Face à la menace croissante que représentent les produits chimiques illicites, notamment dans le contexte du terrorisme, l’Autorité Nationale pour l’Interdiction des Armes Chimiques (ANIAC) a organisé un atelier de formation intensif à l’intention des forces de défense et de sécurité, ce mardi 27 mai à Sokodé.
Objectif : renforcer les capacités des agents déployés aux frontières pour détecter, classifier et signaler les produits chimiques dangereux, afin de prévenir les risques majeurs liés à leur usage abusif.
Une menace silencieuse, mais réelle
« Aujourd’hui, les produits chimiques représentent une menace sérieuse et silencieuse. Lorsqu’ils sont mal utilisés ou détournés à des fins criminelles, notamment dans des attaques terroristes, leurs conséquences peuvent être dramatiques », a alerté le Colonel AKPAMOURA Koffi, président de l’ANIAC.
Pour lui, les contrôles systématiques aux frontières doivent devenir la norme, car la protection du territoire commence à ses points d’entrée. Il a rappelé le rôle central de la douane, qui est « l’outil principal de l’État pour le contrôle des marchandises et la répression de la contrebande ». En vertu de la Convention internationale sur l’interdiction des armes chimiques, la douane est mandatée pour identifier et intercepter les substances toxiques prohibées.
Classer, alerter, sécuriser
Selon les standards internationaux, les produits chimiques sont classés en trois catégories selon leur niveau de toxicité. La mission des douaniers et agents de sécurité consiste désormais à :
- Identifier ces substances ;
- Déterminer leur dangerosité ou leur statut réglementaire (interdit, réglementé ou libre) ;
- Transmettre les informations à l’ANIAC pour un suivi rigoureux ;
- Participer à la constitution d’une base de données nationale sur les produits chimiques en circulation.
Des outils concrets à portée des agents
Commandant MASSIMA Alakwé, deuxième vice-président de l’ANIAC, a présenté aux participants les outils pratiques pour l’identification rapide des produits chimiques. Il s’agit notamment :
- Des étiquettes normalisées et leurs pictogrammes de danger ;
- Des numéros CAS, véritables cartes d’identité des substances ;
- Des fiches de données de sécurité (FDS) comprenant des informations essentielles sur l’usage, la toxicité, les risques en cas d’inhalation ou de contact, etc.
- Des ressources numériques fiables (Wikipedia, bases de données spécialisées) pour compléter l’identification.
« L’emballage seul ne suffit pas. Plusieurs substances peuvent se ressembler visuellement. Il faut aller plus loin, apprendre à lire entre les lignes », a-t-il insisté.
Une dynamique durable enclenchée
Professeur KORIKO Moursalou, vice-président de l’ANIAC, a souligné que cette formation vient marquer un tournant stratégique dans la lutte contre les menaces chimiques :
« Désormais, nos forces de sécurité sont mieux formées, mieux équipées et capables de contribuer à la maîtrise de toute la chaîne de vie des produits chimiques : de leur importation à leur stockage, leur utilisation, ou leur élimination. »
Ce renforcement des compétences s’inscrit dans une dynamique nationale visant à garantir la sécurité des populations et la stabilité du pays, à travers une gestion rigoureuse et proactive des substances à risques.