Le métier de vendeur en pharmacie
Ils sont qui à l’accueil, qui au comptoir, qui à la caisse. Généralement, ce sont eux qui servent les produits aux clients dans les pharmacies. Pendant que le propriétaire de l’officine lui-même est absent. Eux, ce sont les vendeurs en pharmacie. Sous d’autres cieux, ils sont appelés auxiliaires en pharmacie, dans une dynamique plus valorisante. Projecteurs sur ces agents dont le travail n’est pas forcément rémunéré à sa juste valeur…
(Une vendeuse en pharmacie servant un client)
Dans les officines, rarement les pharmaciens, entendus les propriétaires des officines sont présents. Ils sont généralement dans les courses et seuls les clients bénis ont la chance de les voir. La plupart du temps, ils recrutent des pharmaciens assistants et/ou stagiaires, ces étudiants en année avancée de pharmacie pour les suppléer. Mais le plus gros du travail, sinon presque tout le travail se fait par eux. Collaborateurs des pharmaciens, c’est ce qu’ils sont, ces vendeurs en pharmacie.
En quoi consistent exactement leurs tâches ? « Nous faisons dans l’exécution des ordonnances, la préparation des commandes, leur réception, l’installation des produits dans les rayons, et enfin la vente », confie Alexandre Woglo Assiobo, vendeur en pharmacie à la Pharmacie du Grand marché de Lomé, par ailleurs Secrétaire administratif du Syndicat des agents des pharmacies privées et grossistes du Togo (SYNAPHAPRIG Togo). « Nous faisons aussi dans le conseil aux clients qui viennent sans ordonnance, et on rencontre bien souvent ces cas », ajoute Issa Asmaïla, agent à la Pharmacie Pour Tous sise à Hanoukopé et Trésorier Général du syndicat.
Comment sont-ils recrutés ?
Sous d’autres cieux, pour accéder à ce métier, il faut être de niveau BAC au moins et faire une école spécialisée. Depuis peu, nous revient-on, au Togo aussi, il serait créé une filière à l’Ecole des auxiliaires médicaux pour former spécialement ces vendeurs en pharmacie. Mais généralement, ces agents sont recrutés sans un niveau d’étude particulier et formés sur le tas, dans les pharmacies.
Demande d’emploi ou de stage, stage de quelques mois au sein de la pharmacie, et vous êtes formellement embauché. C’est le circuit qui est utilisé. « C’est dans la pharmacie que vous êtes formé », déclare Alexandre Woglo Assiobo. A en croire les informations, le nombre de mois de stage dépend de chaque employeur. Certains pharmaciens feraient subir des stages jusqu’à un an, voire deux avant d’embaucher formellement.
Il nous revient que dans la convention collective négociée depuis une demi-dizaine d’années avec le patronat, il est suggéré un stage de six (06) mois renouvelable une seule fois.
Attitudes requises
Compétence, courtoisie, chaleur ; ce sont là des qualités qu’il est demandé au vendeur en pharmacie de faire preuve. Bien plus, il est appelé à donner une image positive de l’officine. De bonne guerre, car il est assigné à un métier de service public.
Dans certaines pharmacies, le bon accueil et le bon traitement sont de rigueur. Sourire, bonjour, bonne arrivée, au revoir, merci…ces mots s’enchainent. Les vendeurs en pharmacie sont en tout cas appelés à en user souvent. Savoir accrocher le client, satisfaire sa demande et le fidéliser, c’est une sorte de mission à eux assignée. Ils sont parfois même considérés comme des agents commerciaux qui participent au développement du chiffre d’affaires de la pharmacie.
Eviter gestes et postures négatifs, garder une attitude professionnelle, bannir tout préjugé sur les malades et humaniser le climat, voilà en quelque sorte le code de bonne conduite, les attitudes qu’ils sont appelés à adopter.
Difficultés rencontrées
Le travail n’est pas aisé pour les agents en pharmacie, loin s’en faut. « L’une de nos principales difficultés, c’est la lecture des ordonnances », avoue le Secrétaire administratif. Et pour cause, cette triste réputation des médecins d’écrire très mal, augmentant le « risque de servir un produit à la place d’un autre ». « Certains médecins comprennent de plus en plus cette plainte et saisissent carrément leurs ordonnances à l’ordinateur et ce problème est surmonté », nous apprend Issa Asmaïla.
Autre difficulté, les clients qui débarquent sans ordonnance. A ce niveau, il faut questionner beaucoup le client, avant de lui suggérer un produit. « Ce n’est pas notre rôle premier, et il nous est demandé de ne le faire qu’en cas de besoin. Pour certains produits particulièrement, nous ne sommes pas autorisés à vendre sans prescription d’un médecin. C’est l’ordonnance qui nous couvre en cas de problème. Mais il est difficile de faire comprendre ça aux clients », ajoute le TG du SYNAPHAPRIG.
Rémunération
« Ce métier est un métier noble. Il y a une véritable satisfaction quand le client est guéri ou trouve un soulagement, surtout sur ton conseil (…) C’est textuellement comme la fierté d’un enseignant lorsque les élèves à un examen réussissent les épreuves et réussissent », avoue Alexandre Woglo Assiobo. Mais à en croire les agents rencontrés, la situation salariale n’est pas trop rose.
En effet, les vendeurs en pharmacie ne sont pas tant choyés, malgré le travail titanesque qu’ils abattent au quotidien dans les pharmacies. 54 000 FCFA, c’est le salaire de base recommandé dans la convention collective interprofessionnelle adoptée. Mais selon les informations de diverses sources, beaucoup de propriétaires d’officines payent moins que ça à leurs agents, la plupart se contentent du SMIG. Rares sont les vendeurs en pharmacie qui sont bien rémunérés et vivent décemment.
Des salaires à la mesure de leur travail abattu dans les officines, c’est ce que réclament les agents.
Des doléances
Paiement des heures supplémentaires et tardives de travail, voilà une des principales doléances des vendeurs en pharmacie. Une autre, le recrutement des techniciens de surface, évitant ainsi l’emploi des vendeurs à cette tâche aussi. Les agents demandent par ailleurs une domiciliation des salaires dans des banques, pour se départir de la méthode traditionnelle consistant à les payer main en main. « C’est seulement comme ça qu’on peut aussi réaliser des choses », suggère Issa Asmaïla.
« Tu es engagé comme vendeur en pharmacie, tu pars à la retraite en vendeur en pharmacie, rien de plus ». Cette caricature sert à dénoncer une situation, l’absence d’ouverture dans le métier. Contrairement à d’autres métiers connexes, à l’instar des infirmiers, des sages-femmes et autres autorisés à créer un dépôt pharmaceutique après un certain nombre d’années d’expériences, le vendeur en pharmacie ne bénéficie pas de cette faveur, même si les années passées à vendre les produits lui confèrent une connaissance non négligeable des produits…
Paiement des heures supplémentaires de travail, recrutement de techniciens de surface assignés au travail de nettoyage, plus de considération pour le travail effectué, voilà autant de doléances de ces vendeurs en pharmacie pour donner une certaine décence à leur métier…
Source : letabloid.com