Extrémisme violent : Quand les médias deviennent des boucliers de la paix
Les regards sont graves dans la salle de formation à Sokodé. Les journalistes, stylos suspendus ou claviers frénétiquement martelés, comprennent qu’ils sont en première ligne. L’extrémisme violent frappe à la porte du Togo, et eux, ils sont là pour une mission : transformer l’information en arme de paix.
Pendant deux jours, les 20 et 21 septembre 2024, des journalistes togolais, venus des médias publics et privés, de la région centrale du Togo se forment intensivement. Le thème ? « Lutter contre l’extrémisme violent, déjouer la mésinformation et la désinformation, promouvoir des messages alternatifs aux discours de haine ». Une initiative du CIPLEV appuyée par le PNUD, l’ambassade du Danemark, l’Australian Aid, l’Allemagne et la Norvège. L’enjeu ? Immense. Le corridor Atlantique — Togo, Bénin, Ghana, Côte d’Ivoire, Burkina Faso — tremble sous la menace.
Des journalistes en première ligne
Ils écoutent, concentrés. Chaque mot est une clé, une arme contre l’obscurité qui menace. L’information, mal maîtrisée, peut devenir une étincelle qui embrase des régions entières. Ici, à Sokodé, ils apprennent à maîtriser le feu. Ils écoutent les experts décrire la progression inquiétante de l’extrémisme, qui du nord de l’Afrique a déferlé sur le Sahel, pour finalement frapper aux portes du Togo.
Le Togo n’est pas un simple spectateur. Frontière avec le Burkina Faso, il subit déjà des incursions régulières des groupes armés extrémistes. Mais, résilient, il résiste. Les soldats, silhouettes stoïques, protègent le pays. À leurs côtés, les journalistes jouent un rôle moins visible, mais tout aussi crucial.
Le poids des mots dans une guerre sans merci
Les journalistes de l’atelier échangent des regards entendus. Ils ne sont pas simplement des rapporteurs d’événements ; ils sont des veilleurs. Ils ont la responsabilité de diffuser la vérité, de briser les chaînes de la désinformation et de proposer des alternatives aux discours haineux qui attisent les flammes du conflit.
Le Préfet de Tchaoudjo, visage ferme, les observe avec intensité. Lorsqu’il prend la parole, ses mots tombent comme des coups de massue : « Vous êtes les journalistes de la solution. Votre devoir est de filtrer l’information, de l’épurer des mensonges, et de veiller à ce qu’elle ne soit pas une arme destructrice. Vous avez le pouvoir de sauver des vies par les mots. »
Une riposte nationale face à la menace
Le CIPLEV, quant à lui, n’est pas en reste. Ses actions sont multiples : alerte précoce, promotion du dialogue, évaluation de la menace. Tout est mis en place pour devancer la crise. L’État togolais, à travers l’opération Koundjouaré, a déjà frappé fort sur le terrain militaire. Mais ici, les journalistes apprennent que la guerre ne se gagne pas uniquement par les armes. Dans cette salle de Sokodé, ils affûtent leurs plumes, prêts à transformer la désinformation en vérité, le chaos en cohésion.
Les visages sont résolus, les stylos recommencent à courir sur les blocs-notes. Ils ont compris. Leur rôle dépasse l’information. Ils sont maintenant des boucliers de la paix.